Derrière l'écran. | Capucine & Clayton.

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❝Derrière l'écran.❞
Capucine & Clayton

Cela faisait exactement deux semaines que Clayton s'était inscrit sur le forum dont lui avait parlé son psy. Étrange idée qu'il avait eu là mais ce forum était très particulier. Déjà, il avait été créer par plusieurs psychologue dans plusieurs domaines pour un large publique. C'était en quelque sorte la même chose qu'un groupe de soutiens mais via internet. On pouvait remarquer que d'une façon générale, il était plus facile de parler à quelqu'un via un écran qu'en face à face. Clayton n'avait pas spécialement ce problème bien que, les groupes de personnes ne le mettaient pas forcément à l'aise surtout dans un espace clôt mais il n'en avait pas vraiment le temps. Il s'efforçait d'avoir des journées très complète pour ne pas penser à la Libye.

La Libye, il ne l'oublierait jamais. Lui qui est un citoyen du monde, il s'en veut d'autant haïr ce pays. Peut-être qu'un jour, il y retournerait pour se pardonner ses erreurs mais il était beaucoup trop tôt pour ça et pourtant, il faisait déjà d'énorme progrès. En dehors de parler avec détail de ce qui lui était arrivé là-bas, il arrivait néanmoins à aborder le sujet quand on lui posait certaines questions. Son psy voyait des progrès tous les jours surtout depuis que sa petite fille, Emma, était née. C'est donc deux semaines plus tard, qu'on retrouve Clayton attrapant sa tasse de thé aux alentours de neuf heures sur ce fameux forum. Il n'était pas du genre à rester en ligne des heures mais il s'accordait une bonne demi-heure à répondre à quelques messages, quelques questions dans les différents sujets et il souhaitait aussi régulièrement la bienvenue aux nouveaux membres constatant avec tristesse qu'il était loin d'être le seul ayant ce genre de problème.

[1 nouveau message – Cap ou pas cap]

Clayton cliqua sur la petite notification, son thé posait sur son bureau et Emma non loin de lui sur son tapis à jeux dans un joli parc qu'il avait monté lui-même. Quelque part rien d'exceptionnel mais les papas sont toujours fiers de pouvoir dire qu'ils ont monté quelque chose pour leur bébé. Pour ce qui était de Capucine, c'était une jeune femme du forum avec qui il échangeait depuis peu. Comme toutes les personnes qui rencontraient Clayton, elle voulait en savoir un peu plus sur lui. Étant donner qu'il n'avait pas donné beaucoup d'informations sur son profil, elle n'avait peut-être pas fait le rapprochement entre lui et l'enlèvement qui avait eu lieu en Libye. Après tout, ça avait fait le tour du monde cette histoire et la théorie du complot avait rendu Clayton un peu dingue à son retour, ce qui n'avait pas arrangé les choses.

« Hey Capucine ! Excuse-moi de te répondre que maintenant. Entre les couches et les biberons, je suis complètement déborder sans parler de mon travail à l'université. D'ailleurs si tu veux voir comment se déroule un cours t'intéresse, tu es bien évidement la bienvenue. Je donne des cours de journalisme »

Clayton hésita à mentionner le fait qu'il était journaliste avant et que son parton lui avait « gentiment » suggérer de voir un psy avant de reprendre le travail. Le truc, c'est qu'il ne pensait pas qu'il aimerait autant être professeur et même si parcourir le monde en tant que journaliste avait été toute sa vie, il se sentait capable d'un renouveau en tant que professeur à plein temps.

« tu devrais passer et me donner un avis. Après tout je suis peut-être un professeur horrible ! Pour ce qui est de ma présence sur ce forum, elle n'est pas très glorieuse comme probablement presque tout le monde… J'ai vécu un truc pas génial et sans m'en rendre compte, j'ai développé quelques symptômes. Comme la peur des espaces clôts ou la peur d'être parmi un groupe de personnes, comme une foule par exemple. Mon psy parle de troubles post-traumatiques… Et toi alors pourquoi tu es là ?

- JustClay. »

L'échange se termina comme ça. Clayton préférait écrire des messages plutôt courts pour ne pas trop s'étaler et surtout pour créer un vrai échange. Il bu une gorgée de son thé tout en fixant quelques secondes l'écran avant de se tourner vers sa petite pour jouer avec elle. Il avait la chance de pouvoir la garder ce week-end puisque sa maman était de garde à l'hôpital. Clayton avait fini par divorcer avec la mère de sa fille, cette femme qu'il considérait toujours comme l'amour de sa vie.

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Capucine naviguait d'un forum à l'autre sur les différents moniteurs et ordinateurs qu'elle avait installé dans une pièce de sa maison qu'elle considérait comme son QG. Bien que peu encline aux sorties et aux relations réelles, elle avait une vie sociale virtuelle assez intense, principalement avec des gens à l'autre bout du monde. Mais, parfois, il y avait quelques surprise.

Outre ses forums de jeu, les réseaux sociaux, et autre, il y avait quelques mois qu'elle était inscrite sur forum qui lui avait été conseillé par sa psychologue. Il s'agissait d'un endroit crée par des psychologues, psychothérapeutes et psychiatres, pour tenter de libérer la parole des gens en souffrances, mais trop pudiques pour se livrer dans un groupe de parole physique comme il pouvait en exister.

Il va de soit que Capucine avait été emballée. Le forum « Des mots pour mes maux » (franchement, on pouvait pas dire qu'ils avaient fait un effort considérable pour lui trouver un noms) réunissait toute sortes de gens, souffrant de toute sortes de pathologie.

Depuis quelques semaines, elle communiquait régulièrement avec « JustClay ». Il va de soit que l'homme derrière le pseudo n'avait plus de secret pour elle depuis longtemps, même si elle s'était promis qu'elle ne ferait pas ce genre de chose, on ne se refait pas. Elle avait commencé à aller regarder s'il avait des réseaux sociaux, puis de fil en aiguille, elle avait « gratté » pour en apprendre plus sur lui.

Elle se rappelait avoir pleuré en lisant son histoire, qui était loin d'être un secret d'état puisque tout les journaux avaient fait leur choux gras d''un journaliste kidnappé en Libye. Et d'avoir du se retenir de lui faire parvenir un petit cadeau quand elle avait découvert qu'il était l'heureux papa d'une jolie petite fille. Mais elle s'était abstenue. Après tout, tout l'intérêt du forum, était un certain anonymat (bien que dans le cas d'une histoire aussi médiatisée que la sienne, tout soit relatif).

Et puis, surtout, elle craignait que s'il découvrait qu'elle savait qui il était, il décide de couper contact avec elle, et même si elles étaient sporadiques et un peu irrégulière, elle aimait ses discussions avec lui.

La veille elle lui avait envoyé un message pour tenter de le faire parler un peu de ce qui lui était arriver. Elle sourit en voyant la notification

[1 Nouveau message – JustClay!]

Elle cliqua dessus pour ouvrir son message et se sentit sourire en le lisant. Elle le trouvait attendrissant dans sa façon maladroite de vouloir dire des choses tout en cherchant à cacher encore son identité. Elle se demandait de plus en plus si ça ne l'aiderai pas de savoir qu'il pouvait se lâcher avec elle, qu'elle savait déjà le plus gros, mais d'un autre coté elle savait aussi que ça faisait parti du processus de guérison, apprendre à parler sans honte.

« Salut beau gosse !

Ne t'excuse pas, tout le monde n'est pas une no-life comme moi ! Et même si je n'ai jamais vécu ce genre d'expérience, je me doute que prendre soin d'un nourrisson doit être une activité des plus prenante. J'avoue que je suis fan des bébés... surtout quand ils dorment ! »

Elle hésita. Cette phrase ne risquait-elle pas d'être mal interprétée par une jeune papa tout fier de sa progéniture ? Ce n'était pas parce qu'elle même avait depuis longtemps fait une croix sur l'idée de devenir mère un jour que ça lui donnait le droit de se montrer blessante. Elle relut sa phrase plusieurs fois avant de décider que non, il n'y avait rien de bien méchant là dedans, juste de l'humour... son humour.

Elle fut touchée par son invitation à participer à un de ses cours de journalisme. C'était une façon de rendre leurs relation plus réelle, mais, si elle savait qui il était, lui ignorait tout d'elle... et puis elle se voyait mal débouler dans un amphithéâtre, au milieu de gamin ayant la moitié de son age. Rien que d'y penser, elle eut un frisson d'angoisse.

« C'est très aimable à toi de me proposer un cours de journalisme gratuit, mais, je crois que je ferait sérieusement tâche au milieu de tes étudiants. Et puis, je suis un peu comme toi, même si je n'ai aucun soucis avec les endroits clôt... encore que... je n'ai jamais tenté l'expérience de me retrouver coincée dans... par exemple un ascenseur en panne. Mais je crois que c'est quelque chose qui ne manquera pas à ma culture personnelle.

Disons simplement que, comme toi, je sans être agoraphobe, je n'ai pas une passion débordante pour les endroits bondées et bruyants ! Et je redoute le regards des autres. Pas facile pour quelqu'un avec mon physique. Anxiété sociale qu'ils disent.

En fait, je suis la femme idéale pour bien des mec, je déteste le shopping ! »

Et puis, il y avait une autre raison qui la faisait hésiter à accepter une rencontre. C'était sa timidité, et la peur du regard qu'il pourrait poser sur elle. Même si leurs relations était tout sauf du badinage, elle savait que l'apparence de la personne n'était pas anodine. Elle, elle savait qu'il était beau gosse, dans son cas, son exclamation qui lui servait de bonjour pour ses message n'était pas du tout hors de propos, mais lui ne savait pas grand chose d'elle. Et le peu qu'il pouvait deviner de ses texte était loin de refléter la façon dont elle pourrait se comporter IRL avec un étranger.

Quoi qu'il en soit, elle devait bien reconnaître qu'elle brulait quand même de le rencontrer. Elle aimait leurs papotages sur le forum, ils semblaient bien s'entendre et se comprendre. Peut être pourraient-ils devenir potes ? S'entre-aider, en vrai ?

Elle se mâchouilla un moment la lèvre inférieure avant de rajouter.

« Ceci étant dit, si tu fais des cours en petit comité, je me laisserai peut être tenter. A condition qu'à l'issu de cette épreuve psychologiquement traumatisante tu m'offres un verre de quelque chose de fort, dans un bar peu fréquenté ou tout au moins possédant une grande terrasse en plein air... Ceci étant dit, une bière dans le parc me conviendrait également !

Alors ?

Cap ou pas Cap ? »

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❝Derrière l'écran.❞
Capucine & Clayton

Après l'heure du déjeuner, Clayton tentait tant bien que mal d'endormir sa petite complètement épuisée mais c'était peine perdue. Quelque part, il se demandait si elle ne ressentait pas elle-même la peine que son père avait à trouver le sommeil. Peut-être que ce n'était qu'un truc de bébé ou qu'elle n'avait simplement pas envie de dormir. Mais il avait été surprit quelques nuits en se réveillant après un de ses habituels cauchemars et entendre Emma se réveiller en pleurs au même moment. Le hasard, peut-être mais plus il passait du temps avec elle et plus il en doutait. Et cet après-midi pour une raison qu'il ne pouvait lui-même pas vraiment expliquer, il était en proie à une angoisse qui l'empêcher de se sentir bien et les pleurs d'Emma n'arrangeait rien. Il avait pourtant tout fait. Il lui avait prit sa température, qui était normale. Il lui avait donné à manger, changer sa couche et bercer. Bref, il s'était résilié à la mettre dans sa poche kangourou qu'il attachait autours de son torse. Là contre lui, elle ne disait plus rien peut importe ce qu'il pouvait faire dans la maison tant qu'il ne l'a brusqué pas. Clayton savait que ce n'était pas forcément la meilleure chose à faire parce que c'était sûrement une mauvaise habitude, il l'avait lu dans un de ses livres pour « papa débutant » mais tant pis. Alors qu'elle commença à enfin sécher ses larmes et s'endormir, Clayton s'accorda une pause où le silence serait le bienvenu. Il vit donc la réponse de Capucine à son message, un excellent moyen d'arrêter de se focaliser sur son incapacité à gérer une simple angoisse. Les premiers mots de la jeune femme le fit sourire, c'était plutôt un bon début même si avec les cicatrices qu'il portait un peu partout sur le corps ne faisait en rien de lui un « beau gosse » selon lui.

« Ne m'en parle pas… Emma vient juste de s'endormir et je suis tout autant fan. Je me rends compte qu'à n'importe quel âge, le rôle de parent et toujours aussi dur. J'avais pensé qu'en passant un certain cap, le guide du bon père viendrait avec mais pas du tout. J'ai beau lire une tonne de livres sur la paternité, Emma n'est en rien d'accord avec ce qu'il y a écrit dedans ! »

Non, il n'avait en rien prit sa remarque sur le bébé comme quelque chose de déplacer parce que c'était un fait, s'occuper d'un bébé était très compliqué même si la plupart des parents faisaient genre devant les autres que ce n'était pas vrai. Même Clayton faisait mine que tout aller bien car il n'avait aucun cas envie qu'on le juge sur sa manière de s'occuper de sa fille. Aucun parent ne souhaite être juger du coup, ils nous font tous croire que c'est le paradis d'avoir des enfants et nous bêtement, nous le croyons et devenons parents à notre tour. C'est un cercle vicieux que les Hommes se jouent entres eux. Clayton continua de lire le message de Capucine. Il comprenait qu'elle ne veuille pas spécialement venir le rejoindre dans un cour au milieu d'un amphithéâtre bondait d'étudiants. L'anxiété sociale, c'était bien abstrait pour Clayton et pourtant, il avait un peu le même soucis. Il était par exemple hors de question pour lui de se mettre en maillot de bain et lorsqu'il allait surfé, il portait toujours une combinaison sur lui. Il pensait que chaque regard qui se dirigeait vers lui était directement pointé sur l'une de ses cicatrices. Par contre, il n'avait jamais jugé personne sur son physique. Bien sûr comme tout le monde, il avait des préférences mais il n'irait jamais rire d'une personne ou ne pas parler à une personne à cause de son physique. C'était complètement ridicule.

« Je comprends tout à fait. Si je peux te donner un conseil ? Les escaliers. C'est bon pour la santé et il ne tombe jamais en panne ! Pour ce qui est de mes étudiants, ils sont très doux, regarde, ils ne m'ont pas encore dévorer et pourtant la première fois que je suis rentrée dans cette amphithéâtre, je me suis sentie comme une souris au milieu d'une fausse aux tigres. »

Et il s'en souvenait encore. Les émoticônes de la jeune femme le faisait toujours sourire car lui, il était incapable d'en mettre un en bout de phrase pour la bonne raison que son visage, à part quelques sourires, n'affichait vraiment aucune autre expression. Il espérait qu'elle ne le trouve pas trop froid mais il imaginait que d'autres hommes ne devaient pas en utiliser beaucoup. Il s'apprêta à écrire puis il se ravisa lorsque Emma bougea contre lui. Elle tourna simplement sa toute petite tête de coté en lâchant un profond soupire de soulagement. Ça aussi,ça lui faisait extrêmement de bien. Il reprit.

« On peut toujours partir sur l'idée du parc et d'une bière, avec une pâtisserie. Parce que sans ça, ce n'est pas vraiment un goûter et puis on voit pour plus tard pour le cours ? Mais j'espère que ce ne sont pas des paroles en l'air car il faut admettre que pouvoir échanger en vrai c'est quand même un peu plus pratique que l'ordinateur, non ?

- JustClay. »

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Même si Capucine avait depuis longtemps fais une croix sur l'idée de la maternité, et que de toute façon, elle n'était pas sure d'en avoir eu un jour vraiment envie, elle devait reconnaître que la façon dont Clay parlais de sa fille la touchait beaucoup. C'était vraiment un papa poule. A n'en pas douter, quand la petite aurait l'age d'aller à l'école, les mamans allaient rivaliser d'élégance pour aller chercher leur rejetons et en mettre plein la vu à cette belle gueule. Elle sourit en répondant.

« Je dois reconnaître que j'ai des lacunes sur le sujet. Parle moi de langage binaire, de serveur ou de bios, là, y'a pas de soucis. Je peux faire faire ce que je veux même au pire des ordinateur. Derrière l'écran. | Capucine & Clayton. 1895332386

Derrière l'écran. | Capucine & Clayton. 1895332386

Mais les enfants, pour moi c'est une énigme totale. Derrière l'écran. | Capucine & Clayton. 792901804

Je ne pourrais malheureusement pas beaucoup t'aider, et en plus, je crois savoir qu'ils ne sont jamais livré avec le mode d'emploi, même en polonais. Quant aux bouquins concernant la paternité, je doutes qu'ils aient été écrit par des papas aussi concernés que tu peux l'être, je me demande même si certains auteurs sont même seulement parents ! Ne t'inquiète pas de ce qui y est écrit, ce qui compte, c'est toi et ta fille. Votre propre façon de communiquer. »

Elle sourit en lisant la suite de son message et son conseil concernant les escaliers et sa présentation de ses étudiants... Super, ça lui donnait encore plus envie de se retrouver face à ses tigrons déchainés. Elle fut rassuré qu'il puissent envisager une rencontre plus tranquille, histoire de faire connaissance avant qu'elle ne trouve le courage d'assister à l'un de ses cours.

« T'inquiète pas, je prends presque uniquement les escaliers, même si ma silhouette n'en est pas modifiée pour autant !

Oui, j'avoue que je préfèrerai qu'on se rencontre d'abord dans une endroit plus calme, et non ce ne sont pas des paroles en l'air ! Surtout si tu me prend par les sentiments ! Comment puis-je refuser une tapisserie dans le parc avec un charmant professeur ?

Donne-moi tes disponibilités et tes endroits préférées et on en choisira un pour se voir « en vrai »... même si perso, je me sens en sécurité derrière un écran d'ordi, j'avoue que je suis curieuse de rencontrer un homme capable de gérer une carrière de prof de journalisme et une vie de papa-poule !

A bientôt j'espère.

Cap ou pas Cap. "

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❝Derrière l'écran.❞
Capucine & Clayton

Un peu plus tard en soirée, son ex-femme était venue chercher Emma et il se sentait bien seul d'un coup. Son appartement était vide et pour la première fois depuis un certain temps cela lui pesait d'être seul. C'était étrange mais la nuit lorsque Emma était ici, il avait l'impression qu'elle comprenait ce qui se passait dans sa tête. Il suffisait qu'elle dorme dans la même pièce que lui, bien évidement dans son propre lit qui était encore un lit à barreaux pour qu'il passe une nuit sans cauchemar. Sans elle, c'était différent. Clayton s'était préparé une sorte de repas expresse puis il avait allumé la télévision pour avoir un bruit de fond alors qu'il se mit à répondre à ses messages sur son ordinateur. Il y avait un autre homme sur le forum qui lui demanda conseil car prendre des cours de journalisme l'intéresserait pas mal histoire de changer de voie. Ce gamin se trouvait être un peu perdu et Clayton avait prit plaisir à lui répondre et puis vint le message de Capucine. Message qui à tous les coups, lui donnerait le sourire et ça ne lui ferait pas de mal de partager sa soirée avec quelqu'un même virtuellement.

« Euh langage quoi ? Biliaire ? Binaire ? Franchement, tu ne m'entends pas mais je ris. Je sais qu'il y a des émoticônes pour ça mais je suis incapable de les utiliser correctement, ne m'en veut pas. Emma est retournée chez sa maman ce soir, je me sens un peu seul dans mon appartement. Ses pleurs me manqueraient presque… Non, je rigole. Alors me voilà avec mon plat de nouilles chinoises expresses devant mon clavier d'ordinateur. Pourvu que je ne renverse pas tout. Merci pour ton conseil, je crois que c'est le meilleur et celui là on ne le trouve dans aucun bouquin. »

Il marqua une pause, histoire de manger un peu. Son regard se leva vers l'écran, rien de bien intéressant à la télévision. Clayton évitait les chaînes où l'information était diffusée en continue, ça lui rappelait beaucoup trop la période où la médiatisation était braquée sur lui et qu'il était le sujet principal de ces chaînes. Alors, il zappait la plus part du temps et ne suivait pas grand-chose. Bon, ça lui arrivait de tomber sur de bonnes émissions mais fallait avouer que de ce coté le programme de la télévision ne s'améliorait pas. La suite du message de Capucine le fit un peu fronçait les sourcils alors il posa ses nouilles chinoises pour continuer de taper son message.

« Ta silhouette te pose problème ? La mienne est un réel problème que je ne pourrais probablement jamais régler. Tu sais, je suis plutôt sportif, voir beaucoup donc si tu veux te lancer dans un sport, je serais ravi d'en faire avec toi. A deux c'est toujours mieux mais si ta silhouette te convient comme elle alors les escaliers feront l'affaire ! »

Le problème dont essayer de parler Clayton était ses cicatrices qu'il avait un peu partout et qu'il ne voulait surtout pas montrer. C'était vraiment problématique. Pour le reste, il espérait qu'elle ne le prenne pas mal car il n'était vraiment pas le genre de personne à juger quelqu'un sur son physique. Tant qu'une personne se sent bien dans son corps, pour lui c'est le plus important, c'est ce qu'il recherchait en ce moment même pour son propre bien être.

« Je finis les cours aux alentours de quinze heure et j'adore le parc près de la plage. J'ai d'ailleurs acheté une maison dans ce coin là. Une maison que je rénove, c'est mon psy qui m'a parlé de ça. Casser des murs pour en construire de nouveau, ce sont ses mots. Si ça t'intéresse de voir ça… Au moins c'est sûr, dans la cour, tu n'aurais pas à te soucier des gens autours de nous. »

Ça pouvait être une solution. Il pourrait prendre en sortant de l'université de quoi manger et boire pour un goûter et hop, en route pour sa maison qui avançait plutôt bien. Il pensait même pouvoir avoir des locataires d'ici cet été. Donc aux alentours de décembre peut-être janvier.

c Pando

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En attendant que Clay réponde, Capucine s'occupa de son diner. Enfin, elle s'occupa de prendre le téléphone pour commander un plat chez le chinois du coin, puis traina sur ses autre fo en attendant que le livreur lui apporte sa pitance. C'était quand même super pratique de pouvoir se faire livrer à domicile. La ville était bien pourvu en restaurant de tout genre, et pas mal d'entre eux avait un service de livraison.

La réponse de Clay tomba au moment où elle allait récupérer son repas à la porte, elle vit la notification quand elle revint devant son ordi avec ses boites de nouilles et de porc au caramel. Elle rit en remarquant qu'ils avaient les mêmes goûts.

« Binaire ! Tu sais les suites de 1 et de 0 ? Pour ce qui est du langage biliaire, je te conseillerai de t'adresser à un médecin !

Quoi qu'il en soit, si je t'ai fais rire un peu, j'en suis heureuse, c'est sur que ça doit faire un grand vide quand ton bout de chou n'est pas là. »

Elle ne pouvait qu'imaginer à quel point il devait se sentir seul et trouver sa maison vide sans sa fille. De ce qu'elle percevait de leur conversation, cette petite était son rayon de soleil. Elle était contente qu'ils puissent discuter un peu, ça lui changerait les idées.

« Je suis contente de constater que nous avons des gouts similaires. Je suis moi-même en tête à tête avec ma barquette de nouilles chinoise, mais dans mon cas, j'ai même eu flemme de faire bouillir l'eau. Je me suis contenté de décrocher mon téléphone. Il y a un très bon traiteur chinois dans mon quartier ! Par contre, évite de les faire goutter à ton clavier, je doute qu'il apprécierait beaucoup !»

Capucine faillit bien se vendre quand elle lut le message de Clay concernant sa silhouette. Elle avait fait des recherches, avait vu quelques unes des photos qu'il avait publiés. Elle l'avait trouvé plus que bien foutu, franchement, si lui avait des complexes, tout le monde devrait en avoir ! Elle se rappela au dernier moment, qu'elle n'était pas sensé connaître l'apparence physique de Clay.

« Je te remercie de te proposer comme coach personnel, mais je pense que tu risquerais de pleurer en voyant l'ampleur du chantier !

Non, en fait, je plaisante. J'avoue que même si je suis plutôt ronde, ma silhouette ne me perturbe pas plus que ça. Je n'ai jamais été une brindille, et d'une certaine façon, je dirais que c'est une façon de me protéger du monde extérieur. Je peux me promener dans la rue sans me faire siffler. »

Finalement, l'idée d'une rencontre revint dans la discutions. Capucine sourit quand il évoqua le parc près de la plage. Elle n'avait jamais eu l'occasion de s'y promener, ce n'était pas dans sa « zone de confort », mais elle avait parfois eu l'occasion de le longer en voiture, et effectivement il avait l'air très beau.

La suite du message la stupéfia tellement qu'elle faillit s'étouffer avec sa bouchée de nouilles sautées. Etait-il en train de l'inviter chez lui ? Ou est-ce qu'il ne vivait pas dans cette maison et qu'elle était juste en chantier ? D'un coup, elle repensa à toutes les histoires affreuses dont elle avait eu connaissance. Des filles qui avaient accepté un rendez-vous dans un endroit isolée et dont on avait retrouvé les corps bien plus tard.

D'un autre coté, elle savait qui il était. Elle connaissait son nom, son prénom, son adresse, son histoire. Elle savait qu'il n'avait pas de casier judiciaire. Mais elle savait aussi qu'il avait beaucoup souffert, elle se doutait qu'il était suivi pour un « Syndrome de choc post traumatique », même si elle n'avait pas eu l'indécence de hacker son dossier médical. Et elle savait aussi que ce genre d'évènement pouvait profondément changer un homme.

Elle se mordilla la lèvre, hésitant sur la formulation de sa réponse, tout en faisait de nouvelles recherches sur Clayton, mais elle avait beau gratter aussi profond que possible, elle ne trouvait rien qui puisse entacher la réputation du jeune homme.

« Ohhh ! Es-tu en train de me proposer un diner au chandelles chez toi ? Et bien et bien mon cher JustClay, que vous voilà entreprenant ? »

Elle rit toute seule de sa petite provocation derrière son écran, avant de rajouter

« Mais j'avoue que l'idée est tentante. Je serai probablement plus à l'aise dans un endroit pas trop fréquenté, je n'ai jamais eu l'occasion de me promener dans le Parc de la Plage, mais chaque fois que je passe à coté, je constate qu'il est très fréquenté. En temps normal je fini plus tard que ça, mais vu le nombre d'heures sup que j'ai à récupérer, je pourrais m'arranger pour te rejoindre sur le parking de l'Université, à moins que tu préfères ne pas être vu trop prés du tas de ferraille qui me sert de voiture et qui, bien que je l'adore, est tout sauf discrète. »

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